Opposé au blanc, le noir est perçu comme une absence de couleur et de lumière.

C'est la couleur des ténèbres primordiales dans la majorité des œuvres religieuses. Lié à la nuit et aux entrailles de la terre, le noir est le signe diabolique du mal il engendre l'angoisse et annonce la mort. C'est aussi la couleur du deuil. Dans la série des peintures noires de Goya nous voyant bien là l'expression d'une souffrance intérieure du peintre. Cette série de 14 fresques décorent les murs de sa maison, appelée la Quinta del Sordo. Ces fresques furent transférées sur toile entre 1874 et 1878 pour être placées au Musée du Prado à Madrid. Parmi cette série, la plus célèbre est "Saturne dévorant un de ses enfants".

Le contexte connu de la réalisation de toutes ces peintures est que la même année Goya souffrait d’une maladie grave. Il y a aussi les affrontements civils en Espagne qui mettent notre peintre dans un état alarmant. Saturne représenterait d'ailleurs l’État dévorant ses sujets ou citoyens. Bien entendu à l'origine l'oeuvre fait référence à la mythologie grecque, où le roi des titans Cronos, pour éviter que ne s'accomplisse la prédiction selon laquelle il serait détrôné par l'un de ses fils, dévore chacun d'eux à leur naissance.

Bien des scènes des Peintures noires sont nocturnes, montrant l’absence de lumière, le jour qui finit. On le voit dans Le pèlerinage à l’ermitage de San Isidro, dans la Procession du Saint-Office , et on y remarque le fond noir pour signifier cette mort de la lumière. Tout cela provoque une sensation pessimiste de vision effrayante, d’énigme et d’espace irréel

En revanche choisi de manière rituelle, dans le cadre d'une démarche ascétique (effort visant la perfection Spirituelle), le noir est le signe de la pénitence et de l'expiation. La soutane noire des prêtres en est un exemple. C'est une manière de faire le deuil des vanités (amour-propre, des choses sans importance), dans l'attente d'une vêture (prise d'habit) de gloire dans l'au-delà.