La Peinture à l'Huile ...

Définition :
La peinture à l'huile est définie par son liant oléagineux. Il s'agit en fait d'un corps gras (sous-ensemble des lipides) dont le principe est un acide gras ou un dérivé d'acide gras, en association avec du glycérol ou un autre alcool.
Sa composition ne s'arrête pas à une huile purifiée, mais on y mêle aussi des pigments finement broyées (animal, végétal, minéral, synthétique), un siccatif, qui accélère le « séchage », un antioxydant qui freine le processus de jaunissement et un plastifiant.
L'utilisation d'un médium rend la peinture plus facile à étaler. Il est à base d'huile, que l'on appelle « gras », et d'essence que l'on dira « maigre » par opposition. L'huile de lin est beaucoup plus grasse que l'essence de térébenthine rectifiée.
On préfère l'huile insaturée à l'huile saturée pour leur propriété liante, enrobant ainsi correctement les pigments. L'état saturé ou insaturé correspond en fait à la faculté d'une huile à siccativer, à avoir du tirant, de la viscosité.
Une huile insaturée correspond en chimie au nombre de doubles liaisons formés par le corps éthyléniques (H2-C=C-H2). En principe, plus il y a de doubles liaisons, plus l'huile est extrêmement siccative.
D'autres facteurs agissent sur la siccativité: la présence d'autres corps gras, la forme des molécules et la position des doubles liaisons dans les chaînes moléculaires. Ces points sont essentiels et caractérisent les propriétés de chaque huile.
En ce qui concerne les autres corps gras, on peut citer les plus courants dans les esters: L'acide linoléique, l'acide linolénique et par ailleurs l'acide oléique, nettement plus saturé.
Le principal liant utilisé est l'huile de lin. Ces huiles de lin concentrent une quantité particulièrement importante d'esters glycériques de l'acide alpha linolénique (acide triéthylénique) et de l'acide linoléique (acide gras diéthylénique) . L'huile de lin contient d'autres esters minoritaires comme l'acide oléique mais est banal car assez saturé. Ce dernier n'apporte donc pas les qualités principales.
C'est par une forte présence d'acide linoléique et linolénique, que l'huile est connue pour ses propriétés très siccatives par rapport à d'autres.
Une fois solidifiée, c'est la plus résistante et la plus souple des huiles.
Elle adhère sur différents métaux, dont l'or et certains fers. La Tour Eiffel est d'ailleurs peinte à l'huile de lin sinon la rouille attaquerait vite une autre nature de peinture.
L'huile de lin est celle pour laquelle il existe le plus de "recettes" (cuisson, addition de produits siccatifs ou autres) et de procédés éprouvés depuis cinq siècles, bien que l'huile d'oeillette et l'huile de noix la suivent de près.
Histoire :
Durant plusieurs siècles, la peinture était fabriquée par les artistes eux-même dans leur atelier. Ils n'avaient pas de moyen de conserver très longtemps ces couleurs.
A partir du XV°siècle, on a préféré l'huile à toutes les recettes antérieures.
Depuis longtemps, l’invention de la peinture à l’huile a toujours été attribuée aux frères Van Eyck (1390-1441).
On a reconnu ensuite que l'huile était déjà utilisée avant, surtout comme vernis de protection sur la Tempera. Au fil des générations, cette couche d'huile s'est progressivement chargée en pigment, donnant ce que l'on peut qualifier de premier glacis. Il est donc question, en réalité, d'une évolution progressive.
Depuis 2008, une découverte change complètement l'histoire. Les premières peintures à l'huile datent du VII° siècle. Il s'agit des fresques des grottes afghanes de Bamiyan représentant des créatures mythiques. Alors que cette grotte était longtemps célèbre pour ses statues de Bouddha détruites par les talibans, elle devient maintenant connu pour abriter ce trésor.
Les peintres peignaient au XV° siècle sur des panneaux de bois soigneusement préparés de plusieurs couches de colle et de préparation, afin de corriger les imperfections du bois. Parfois ils étaient même marouflés d’une fine toile afin de limiter les effets de dilatation ou de rétraction du bois. L’inconvénient de cette technique était que la dimension des tableaux se trouvait limitée, d'une part à cause de la grandeur maximale qui pouvaient être atteinte avec des planches, d'autre part, par le poids des œuvres.
C’est à partir de la fin du XV° siècle début XVI° que l’utilisation de la toile tendue sur châssis fait son apparition. La toile la plus couramment utilisée est le lin. Elle doit être recouverte d’une couche d’enduit plus fine que pour le bois, afin que la peinture puisse s’accrocher. La toile, que l'on pouvait rouler, facilitait le transport des œuvres de grande dimension. Elle permettait également, selon sont tissage, des effets de matière.
Léonard de Vinci a mis au point une technique pour créer une impression d'atmosphère: C'est le sfumato.
Les théories de Chevreul, les découvertes des physiciens, influencèrent des peintres comme les impressionnistes avec la possibilité de peindre à l'extérieur, puis aussi un mouvement appelé le pointillisme, avec la décomposition de chaque ton en tons primaires, comme celle de la lumière solaire décomposée par le prisme, en spectre coloré. Des techniques nombreuses, des théories, des écoles ont vu le jour et il en naît constamment de nouvelles.
Au XIX° siècle apparaît des vessies de porc destinées à contenir et à conserver les couleurs à l'huile. Les tubes d'étain ont été inventés vers 1840. Ces nouveaux récipients étaient beaucoup plus pratiques que les vessies de porc et permettaient de conserver les couleurs intactes plus longtemps.
Depuis le XIX°siècle, le vrai métier de peintre proprement dit (artisan) se perd. Tout n'est plus nécessaire de faire à la main, depuis la préparation des supports jusqu'au mélange des couleurs. Les tubes de peintures, prêt à l'emploi, broyée mécaniquement le plus souvent, ont remplacé le travail de l'apprenti.
On trouve néanmoins des manuels explicatifs et les marchands de couleurs parfaitement documentés.
Il faut noter que la réflexion sur la peinture a considérablement évolué. La technique et sa maîtrise ont perdu une partie du prestige qu'elles avaient gagné au cours de nombreux siècles d'histoire. Seule le réalisme et l'hyperréalisme achèvent quelque part la longue recherche des artistes depuis l'antiquité, celui de s'approcher le plus de la réalité, donner l'illusion du vrai.
L'art moderne constitue un retour du sens, au-delà de la capacité technique à représenter le monde. Plus tard, ce débat du sens prendra une autre tournure après l'invention de l'art abstrait. On en est venu à penser que quand le sujet est « dépassé », il ne reste que la question de l'outil.
Une problématique se pose alors actuellement: Que reste-t-il à exploiter, une fois que l'on a fait le tour de la peinture (de l'exposer telle quelle, sortant de son tube comme Pollock ou de l'exposer de façon plus travaillé imitant la nature tel que Duffy Sheridan, Evan Wilson, Gilles Paul Esnault )?
Avantages :
Une diversité de matières et des effets de reliefs sont possibles, de la couche la plus fine et translucide à l'empâtement.
Contrairement à d'autres peintures, il est plus facile de superposer des couches translucides sans la crainte de dissoudre la couche de dessous même sèche. On obtient ainsi par synthèse optique, une couleur plus intense et profonde. C'est ce que l'on appelle le glacis.
L'huile ne se comporte pas du tout comme un liant aqueux dont l'aspect devient plus mat au fur et à mesure de l'évaporation. L'huile « sèche » différemment : son aspect ne s'altère pas, elle conserve son satiné typique et ne subit presque aucun retrait.
La peinture à l'huile permet de mieux mélanger les couleurs ou de récupérer plus facilement un défaut.
La conservation de cette technique reste la meilleure si l'on regarde le rapport avec le temps et la gravité des altérations. Une aquarelle par exemple est beaucoup plus sensible à la lumière qu'une huile. Néanmoins l'huile est également sensible.
En règle générale, la peinture à l'huile offre une grande subtilité et profondeur.
Inconvénients :
La conservation de nombreux corps gras pose un problème : ils ont une tendance naturelle à devenir acides. Les corps gras sont des substances chimiquement neutres, que l'on peut décomposer par hydrolyse et/ou saponification. Un exemple de cas de saponification: Un ester, qu'est l'huile, en présence d'une base, comme le cas de pigments alcalins (terres blanches), se traduit généralement par un brunissement qui s'accentue au fil des années.
L'huile, en vieillissant, jaunit. Sous l'effet des rayonnements UV, de la chaleur, de l'oxygène, de l'humidité, les molécules organiques de la peinture, surtout les chaînes polymères des liants, se dégradent. En fait ce sont les doubles liaisons présentes dans les esters qui sont affaiblies et cassées. L'oxygène peut alors venir s'y fixer mais pas n'importe comment, en modifiant la place des liaisons. Nous avons alors la création de doubles liaisons conjuguées (R-C=C-C=C-R : une liaison simple s'intercale entre des doubles liaisons) et c'est cette position particulière, qui fait que visuellement, on perçoit une couleur. Si la dégradation continue, cela devient de plus en plus jaune, puis brun par l'augmentation d'absorption.
Une couche de vernis permet de ralentir la pénétration des rayons UV jusqu'à la couche picturale. Cependant le vernis finit par jaunir également, mais l'avantage, c'est qu'il garde sa fonction de couche de protection. Ainsi on conserve la peinture, et le vernis peut être retiré ou diminué par un restaurateur, afin de retrouver les couleurs vives de la peinture. Aussitôt, un nouveau vernis y sera déposé pour assurer la pérennité de l'œuvre.
La peinture à l'huile siccative plus lentement que toute autre peinture. La réalisation d'un tableau est donc très longue, surtout lorsque le traitement n'est fait que de superpositions de couches. Il est impératif qu'un temps de séchage entre chaque couche soit respecté, au risque qu'avec le temps l'œuvre se dégrade. Pour remédier au problème de la lenteur du durcissement d'une huile, il existe des siccatifs pour accélérer le processus. Néanmoins, une huile qui siccative vite ne donne pas forcément un film solide. D'ailleurs, employer en excès, l'apparition de craquelures est certaine.
Il est nécessaire aussi de noter que plus une œuvre est réalisée en pâte, plus il y a de chance d'avoir des craquelures. Pour faire plus simple, une couche fine = craquelures fines, une couche épaisse=craquelures plus marquées et profondes.
Il faut y ajouter les accidents de la toile, qui concernent par exemple les modifications de la tension en présence de trop forts écarts de taux d'humidité. Les fibres de la toile se gorgent d'eau, prennent alors du volume et se raccourcissent dans la longueur du fil. On dit que la toile se rétracte, et lors de l'évaporation de cette eau, la toile se dilate. Avec le temps, cet exercice, sur la toile, joue sur l'élasticité de cette dernière et perd à force de la résistance mécanique. Nous avons alors une toile complètement détendue sur son châssis. Elle peut même finir par s'oxyder, cuir par l'huile elle-même, et il devient alors difficile de reprendre les déformations figées.
Enfin il faut reconnaître que c'est une technique qui demande une grand maîtrise des matériaux et que l'on ne peut se lancer comme peintre du jour au lendemain sans conséquence au niveau de la conservation de l'œuvre. C'est le peintre qui doit s'adapter aux propriétés des matériaux et non le contraire car tous ne sont jamais sans défauts pour certaines utilisations et les solutions alternatives ne sont pas innombrables.