Le Graphite ...

Définition :
Le graphite est le matériau le plus couramment utilisé pour dessiner. Il est une forme de carbone cristallin, comme le diamant, qui est tout aussi pur mais mou. Il se révèle un excellent conducteur d’électricité et de chaleur, et possède un point de fusion élevé, 3500 °C. Il est extrêmement résistant aux acides, chimiquement inerte et fortement réfractaire.
Les mines sont le résultat d’un mélange de poudre de graphite, de colle, de résine et d’argile. Au touché, il semble assez gras.
Cette matière se présente sous différents aspects : poudre (plombagine), crayon, mine de différents diamètres (pour porte- mine).
Elle peut être travaillée sur toutes les qualités de papier. On utilisera un papier sans ou avec très peu de grain pour obtenir des nuances très fines et un tracé précis (esquisse) ou à gros grains si on souhaite obtenir les effets « matière » propres à la technique du croquis.
Le crayon est plus solide puisque la mine est recouverte d'une enveloppe enbois. La qualité du bois est à prendre en compte également, car elle est responsable de la facilité avec laquelle on pourra le tailler.
Il existe une grande variété de nuances de gris. Tout est une question de dureté. Le degré de dureté d’un crayon dépend du rapport argile/graphite dans la mine ; la dureté augmentant avec la proportion d’argile. La teneur en argile d’une mine très dure pâle et maigre est de l’ordre de 70%, alors qu’une mine très tendre noir et grasse n’en contient qu'environ 30%.
Une échelle permet de caractériser la mine, qui est soit dure (H pour hardness ou dureté) soit tendre et grasse (B pour blackness ou noirceur). Un indice placé devant la lettre indique le degré.
Il existe deux valeurs intermédiaires F pour Fine point ou fin et HB. Certains attribuent la lettre B à Bold ou gras.
Les esquisses se font avec une mine dure, alors que les valeurs et les ombrages sont réalisés avec une mine plus tendre.
Le tracé est noir brillant, plus ou moins précis selon la dureté et le diamètre de la mine.
Son usage est déconseillé avec le fusain, la sanguine ou la pierre noire qui ne peuvent lui être superposés.

Histoire :
Cette substance est utilisée dès les années 1560. Date pour laquelle une mine de graphite très pur est découverte à Borrowdale dans le Cumberland en Angleterre. Ce produit prend le nom de « plumbago » en anglais ou plombagine en français, signifiant "sorte de plomb".À l´époque, on pensait en effet avoir trouvé du plomb. Il faudra attendre la fin du 18° siècle pour qu'un chimiste démontre qu'il s'agit du graphite.
La mine du Cumberland fut à telle point surexploitée que les Anglais en interdirent l'exportation sous peine de mort.
Pour étendre le graphite, on le coupait encore, avec des produits liants tels que la colle, le caoutchouc, etc...
Au niveau de l'histoire de l'art, il faut savoir que les artistes du 16° et 17° siècle employaient cet outil essentiellement pour préparer leurs peintures. C'est ce que l'on appelle le dessin préparatoire.
Le dessin préparatoire est réalisé sur une toile, un papier ou tout autre support avant l'application de la peinture (à distinguer donc du croquis) afin de poser des points de repère et, parfois, de déceler des erreurs de composition. Le graphite n'est pas vraiment conseillé, car en peinture il faut toujours respecter la loi gras sur maigre. Or l'huile et le graphite sont gras. Seul le fusain est assez maigre pour ne jamais entraîner d'affreuses coulures au contact des huiles, corps gras et essences. Pour ceux qui souhaitent absolument l'utilisation du graphite, il est préférable de prendre la mine la plus maigre possible (6H, 8H).
Au 18° et 19°siècle, on voir apparaître, avec Ingres par exemple, des dessins en tant qu'œuvre à part entière. Ce dernier était réputé pour ses portraits jugés fins et réalistes. Fragonard est un autre artiste qui marque son temps et qui est au plus haut de l'âge d'or de ce siècle en France. Il était même considéré comme le maître du dessin de cette époque.
Le graphite pur étant cher et rare (utilisé en fonderie), des substituts sont recherchés. Dès 1760 à Stein près de Nuremberg, Kaspar Faber créé une usine de fabrication de crayon en utilisant du graphite en poudre mélangé à des gommes, résines, colle, soufre, antimoine et autres substances, mais aucune de ces préparations n'a donné de crayons de qualité identique aux crayons anglais.
En 1779, le chimiste suédois Karl Wilhelm Scheele (1742-1786) découvre enfin que la plombagine est en fait du carbone.(graphite).
Le mot graphite, du grec graphein, (écrire), sera donné en 1789 par le géologue allemand Abraham Gottlieb Werner (1750-1817).
En 1794, la France est en guerre avec l'Angleterre, pays de fabrication des crayons de qualité.
Le Comité de Salut Public charge donc Nicolas Jacques Conté (1755- 1805) de trouver le moyen de remplacer les crayons d'Angleterre. Il invente alors un mélange d'argile avec du graphite. Conté obtient une pâte qui après extrusion et cuisson à plus de 1000°C donne la mine du crayon. Le brevet est déposé dès 1795. Aujourd’hui encore plusieurs grandes marques s’en disputent la paternité. D'ailleurs en réalité, cette nouvelle recette aurait était mise au point et par Conté mais aussi simultanément par Joseph Hardtmuth un fabricant de porcelaine à Vienne qui créera une usine à Budweis en Tchécoslovaquie. Il est probable qu’ils se soient tous les deux rencontrés. Cette invention a été une véritable révolution, puisque c'est à partir de là qu'il est devenu possible de confectionner des crayons graphite à différents degrés de dureté.
Franz, le petit fils de Joseph Hardtmuth, peindra ses crayons en jaune pour suggérer l’Orient (région des meilleurs graphites) et appellera sa gamme « Koh-I-Noor » en 1890. Telle est l’origine de la couleur jaune de la plupart des crayons américains (75%).
Le bois utilisé pour gainer ces crayons était le tilleul et l’épicéa pour les crayons ordinaires, le cèdre pour les beaux crayons.
En 1838, une nouvelle méthode est crée. Elle consiste à récupérer les déchets de fabrication de mine graphite, et de comprimer la poudre afin de reconstituer des bâtons de graphite solides.
En 1839, Lothar von Faber, petit-fils de Kaspar Faber, améliore le procédé de mélange des composants.
Avantages :
Cet instrument permet de réaliser un travail très précis, une précision et une finesse du trait pour un résultat hyper-réaliste.
Il est idéal pour les portraits en noir et blanc. D'autant plus que sa variété de carbone nous offre une grande possibilité de dégradés de gris (du gris clair au noir) et une grande possibilité d'émotions. En effet, différentes expressions peuvent être transmises: le dynamisme, la nervosité ou encore la douceur. Par exemple, les mines tendres sont parfaites pour un effet doux et les mines dur pour un effet plus strict.
Son autre avantage est sa spontanéité. Le crayon est comme le prolongement presque naturel de la main qui permet d'avoir directement le dessin sous les yeux. Le résultat final est donc assez rapide.
En ce qui concerne son coût, il est peu cher.
Inconvénients :
Le temps de réalisation est plus long que le fusain. Sa gamme chromatique nous limite au noir et blanc. Malgré son dégradé de gris, il est difficile d'obtenir un noir profond. Ce phénomène est du aux reflets métalliques. Même après plusieurs couches répétées de graphite, le gris transparait toujours.
L'absence de vernis, expose l'œuvre directement à la pollution, la lumière, et le papier aura tendance à jaunir. Avec le temps, on peut voir également apparaitre ce que l'on appelle des piqures. Ce sont des tâches rousses plus ou moins prononcées, de formes et de tailles variables, localisées ou généralisées sur toute la surface du document, dues à la présence dans le papier de particules métalliques oxydées ou au développement de micro-organismes.
Le graphite est une matière assez grasse et qui peut donc « s'accrocher » sur le doigt si l'œuvre n'est pas protégée et qu'il subit une mauvaise manipulation.
Plus le crayon est gras, plus il est difficile de l'effacer, mais en revanche il ne laisse aucune marque en profondeur. Les crayons, dits maigre, laissent plus facilement des rayures sur le papier.